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« Évaluer une compétence autrement qu'à partir d'une maquette »

Prendre en compte une personne dans sa globalité, entrer dans une perspective d'analyse de la pratique, sortir du cocon universitaire... Autant d'avantages que Julia Putsche, maitre de conférences au Département de linguistique appliquée et didactique des langues vivantes de la Faculté des langues et responsable du parcours de master FLE- langue seconde - langue d'intégration (FLE-FLS-FLI) depuis la rentrée, trouve à la pratique de la Validation des acquis de l'expérience (VAE). Elle s'investit dans le dispositif depuis 2016. Rencontre.

Quelle a été votre première expérience de la VAE ?

J'ai pour la première fois participé à un jury de VAE en tant qu'enseignante du diplôme de master Didactique des langues - FLE en 2016. C'était une expérience intéressante. La VAE permet de valoriser l'expérience, offre un autre regard sur le parcours d'une personne. Il s'agit d'évaluer une compétence autrement qu'à partir d'une maquette.

Le dossier VAE est très différent d'un mémoire, mais il se rapproche en certains points du journal de bord que nos étudiants rédigent durant la première année de master. La réflexion et l'introspection y sont similaires. Cette similitude m'a aidé à comprendre la VAE. J'ai aussi pu compter sur la cellule VAE, qui accompagne les membres de jury pour les aider à changer de perspective : il ne s'agit pas de réfléchir en termes de cours ou d'unité d'enseignement, mais en termes de compétences.

Quelle est aujourd'hui votre implication dans le dispositif ?

J'ai participé à plusieurs jurys en tant qu'enseignante du diplôme de master Didactique des langues - FLE et j'ai aussi pu présider des jurys d'autres spécialités [le président de jury VAE est toujours un enseignant-chercheur extérieur à la composante délivrant le diplôme visé, ndlr]. A partir de cette année, je serai sollicitée pour l'étape de recevabilité-faisabilité.

Je pense qu'en tant que responsable de diplôme, j'ai une vraie responsabilité à défendre la VAE. Grâce à l'implication de mon prédécesseur, Yannick Lefranc, j'ai moi-même été sensibilisée et initiée au dispositif. Et je note par ailleurs que le fait que nous délivrions des diplômes par cette voie d'accès a été très bien évalué par notre conseil de perfectionnement, notamment par les professionnels du domaine.

Quels questionnements, quels étonnements sont nés de vos rencontres avec des candidats VAE ?

Ayant un parcours franco-allemand,  la reconnaissance de l'expérience professionnelle est pour moi une évidence. En Allemagne, il est possible d'entrer à l’université en validant l'expérience professionnelle. Participer au dispositif de VAE oblige à sortir du « cocon universitaire », cela permet de se rendre compte que des compétences peuvent être acquises autrement que par le suivi de cours.

Je trouve intéressant que le dispositif de VAE offre plusieurs issues de validations : la validation totale, mais aussi la validation partielle. En cas de validation partielle, les membres de jury réfléchissent à une prescription qui doit permettre au candidat d'obtenir finalement le diplôme dans sa totalité. Rien n'est perdu, c'est encourageant pour le candidat.

Quel apport de la VAE pour vous en tant qu'enseignant-chercheur ?

Par rapport aux recherches que je mène dans le domaine de la didactique, c'est intéressant de voir l’acquisition de compétences au travers de l’expérience d'une personne, au-delà du suivi de cours. Le dossier VAE et la présentation orale du candidat permettent de comprendre la construction du savoir et des compétences.

En tant que présidente de jury, je découvre des spécialités que je ne maitrise pas, ce qui est intéressant et enrichissant. Dans cette fonction, l'objectif n'est pas de tout comprendre mais plutôt de vérifier l'aspect analytique et cohérent du dossier. Je me rends compte que la majorité des jurys est très favorable au dispositif. Notre communauté universitaire est donc ouverte à cette perspective d'analyse de la pratique. Et je pense que sur cette approche d'analyse des pratiques, il y a des choses à réinvestir pour la formation initiale. L'apport réflexif et analytique que le candidat doit fournir quant à sa trajectoire est très riche.

Comprendre le parcours d'un individu, ses choix, son histoire de vie, c'est un « luxe » que nous n'avons pas nécessairement avec tous nos étudiants. J'apprécie de pouvoir prendre en compte la personne dans sa globalité. Il y a un côté inclusif, axé sur la personne que je trouve très intéressant.

C'est aussi un excellent moyen d'agrandir notre réseau professionnel. Nous avons actuellement beaucoup de contacts au sein de l’Eurométropole et à l'international. Cela permet de rencontrer d'autres professionnels du domaine. C'est intéressant d'avoir de vrais contacts avec le terrain.

La cellule VAE recherche toute l’année des enseignants-chercheurs pour présider des jurys de VAE. Contact : 03.68.85.86.00 ou par courriel

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